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La lettre de motivation : la collection (8/8)

Dernière mise à jour : 13 août 2020


Cet été, j'ai décidé de décliner le thème de la lettre de motivation, en 8 volets, un par semaine. Pour ce faire, j'ai compilé ici des articles que j'ai eu la joie d'écrire pour vous depuis 15 mois autour de ce document souvent mal compris, toujours craint et sur lequel une personne en quête d'un emploi passe, à mon sens, bien trop de temps. Voici (déjà) venu le temps du dernier épisode de cette collection.

Je vous souhaite une belle fin d'été, et de bonnes vacances si vous avez la chance de pouvoir en prendre et d'y être encore.

 

Parce que le marché de l'emploi évolue sans cesse et que les moyens mis à la disposition tant des entreprises que des particuliers en quête d'un job se modernisent, le modèle actuel de la lettre de motivation va rapidement disparaître. C'est une évidence, et vouloir s'y accrocher serait une erreur.

La lettre de motivation serait inutile

Lorsque l’on observe les mécanismes du recrutement en entreprise, nombreuses sont les certitudes qui sont remises en question. Ainsi, de nombreux candidats postulent désormais sans lettre de motivation, quand bien même la mention «Lettre de motivation obligatoire» accompagne l’offre. Les recruteurs eux-mêmes évoluent sur la question de savoir s'il faut arrêter d'exiger des candidats qu'ils accompagnent leur CV d'une lettre de motivation, avançant que, peut-être, celle-ci "ne servirait à rien".

En effet, d’un outil de différenciation, la lettre de motivation est devenue une sorte de document administratif de plus, auquel de nombreux recruteurs ne donnent qu’un bref coup d’œil pour contrôler l'orthographe et détecter, via la présence de mots-clés, si la personne qui postule peut avoir sa place dans l'entreprise. Du point de vue du candidat, elle devient donc plutôt un piège car il risque davantage d'être éliminé que de sélectionné.

Alors, la faute à qui ? Sans aucun doute aux candidats, qui, depuis plusieurs années maintenant, utilisent des services en ligne diffusant des lettres standardisées, et qu'ils adaptent tout juste. Uniforme dans le fond, donc, la lettre de motivation l’est également dans la structure, traditionnellement bâtie autour des trois parties «vous, moi et nous».

Insipide car trop normalisée, sans intérêt : la lettre de motivation est devenue un robinet d'où s'écoule un flux d'informations sans saveur, sans relief. Finalement, la lettre de motivation serait donc lue au mieux juste avant l’entretien (donc plus vraiment utile pour accéder à cette étape), parfois "par curiosité" pour renforcer ses certitudes quant aux choix faits sur les CV, mais plus généralement "jamais".

Les nouveaux supports

Parmi les nouveaux vecteurs dont disposent les candidats, les réseaux sociaux professionnels contribuent à donner un sérieux coup de jeune aux processus de recherche d'emploi et de recrutement. Ils rendent cette étape de la vie professionnelle plus vivante : par exemple, par le biais d'images ou de vidéo, un candidat peut tenter de faire la différence au travers d'un document qui n'est plus écrit dans le sens de la graphologie, mais dans celui de la mise en scène. Et si ce phénomène n'est pas non plus tout à fait récent, l’œil que pose un recruteur sur un tel support, lui, l'est. En effet, l'arrivée des réseaux sociaux professionnels (RSP), tels que LinkedIn ou Viadéo, ont changé radicalement la perception d'un Responsable RH sur ce sujet, qu'il qualifiait, naguère, volontiers, de fantaisiste.

Mais les RSP ne se limitent pas à la mise à disposition d'images et/ou de vidéos. Ils permettent au candidat de faire évoluer son profil en permanence, par exemple par l'intermédiaire du partage d'articles en ligne qui vont dénoter son intérêt pour le secteur et l'entreprise, ou par la possibilité qui lui est offerte d'être recommandé par sa propre communauté professionnelle. Aujourd'hui, ces éléments sont plus forts qu'une lettre de motivation traditionnelle et permettent des interactions beaucoup plus fréquentes entre recruteurs et candidats, dont tous tirent profit.

Enfin, les réseaux sociaux professionnels ont, en partie, bouleversé le processus de recrutement de certaines entreprises. Souvenez-vous : traditionnellement, l'employeur a des besoins naissants de main d'oeuvre ; il rédige son offre et attend de récolter CV et lettres de motivation, sélectionne, jusqu'à faire son choix final. Aujourd'hui, le même employeur tend, de plus en plus, à consulter directement les RSP en quête du collaborateur idéal, s'offrant au passage un gain de temps et d'argent . D'un recrutement plutôt passif, il en devient l'acteur. Le Responsable RH est devenu "chasseur de têtes".

Quelle solution adopter pour une candidature efficace ?

Entendons-nous bien : la lettre de motivation traditionnelle reste la règle si vous répondez à une offre dans laquelle le recruteur exige que vous en produisiez une ; n'allez pas jouer les frondeurs, la majorité des Responsables RH misent encore sur la tradition, tout en sachant que le mouvement est inéluctable.

Par contre, sans exigence particulière, ou dans le cas d'une candidature spontanée, n'hésitez pas à opter pour l'une de ces formules plus modernes :

- la lettre de présentation : plus courte que la lettre de motivation, elle n'a pour objectif que d'introduire votre CV. Finies les (trop) longues phrases à la louange de l'employeur potentiel, ici vous vous concentrez sur vous, vos expériences, et votre potentiel. La lettre de présentation vous recentre dans le processus de recrutement : tout est dans son appellation, elle vous présente. Moins encadrée, elle garde néanmoins certains codes d'un courrier traditionnel : une en-tête avec expéditeur (vous) et destinataire (le recruteur) ; la date de l'envoi ; l'objet de la correspondance ; les formules de politesse ; votre signature ; zéro faute d'orthographe.

- le mail de motivation : réservé aux candidatures par voie électronique. L'idée est simple : alléger la candidature, puisque, de toutes façons, le recruteur y consacre de moins en moins de temps. Plutôt que d'écrire un mail qui va rediriger le recruteur vers le CV et la lettre de motivation en fichiers joints, il (votre mail) sera votre lettre de motivation et n'aura qu'une pièce jointe, le CV. Le mail de motivation reprend tous les codes de la lettre de motivation, notamment au niveau de sa structure (vous-moi-nous)

- le pitch mail : là encore, cette solution est réservée aux candidatures par mail. L'idée est globalement de trouver une voie intermédiaire entre les deux solutions précédentes : à l'identique du mail de motivation, il remplace la lettre de motivation et dirige donc vers le seul CV en fichier joint. Mais, comme dans une lettre de présentation, vous ne parlez que de vous et de ce que vous comptez apporter à l'entreprise.

Le mail de motivation et le pitch mail, souvent confondus, sont des documents courts (maximum 10 lignes) et se doivent donc d'être ultra synthétique. Débarrassez-vous de toute formule alambiquée. Faites des phrases courtes, aérez votre texte en multipliant les paragraphes. Profitez des possibilités qu'offre le mail, notamment en termes de police d'écriture, tout en restant sobre. Réduisez la formule de politesse de fin à son strict minimum ("Sincères salutations" est amplement suffisant). Vérifiez l'orthographe. Apposez votre signature et ajoutez-y quelques renseignements utiles : nom et prénom en clair, numéro de téléphone, lien vers votre profil LinkedIn par exemple.

Le pitch mail et le mail de motivation sont de plus en plus considérés comme les armes ultimes qui vont vous permettre de vous démarquer et d'être percutant.

Se démarquer, à tout prix

Vous l'avez compris, l'idée, en ce début de 21e siècle, n'est plus uniquement de montrer sa motivation : à l'heure du chômage de masse, le fait même de (re)trouver un emploi EST motivation. Et, justement parce que pour un poste vacant, le recruteur doit faire un choix entre une multitude de candidatures, vous allez devoir vous transformer en commercial pour sortir du lot. Certains l'ont compris, remplaçant la lettre de motivation traditionnelle par des projets a priori farfelus, mais qui peuvent faire mouche s'ils sont adaptés au poste à pourvoir. J'en veux pour preuve la candidature reçue en 2017 par un caviste, et dont s'était fait écho le journal Ouest-France. C'est gonflé, c'est à quitte ou double, mais le jeune homme a été recruté.

Autre exemple, celui de Léo Primard, jeune diplômé à la recherche d'un job dans la communication : il a imaginé de postuler via une vidéo où il détourne des scènes de films et de séries populaires, et raconte son parcours à travers des expressions tirées de grands classiques du cinéma et de la télévision.

 

Pour l'instant, la lettre de motivation n'est pas morte, pour la bonne et simple raison que les recruteurs restent encore dans un schéma très traditionaliste alors que le marché de l'emploi est en pleine mutation. Aujourd'hui, la voie est comme souvent intermédiaire. Mais n'hésitez pas à faire preuve de modernité voire d'originalité dès que l'occasion s'y prêtera.


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